LES
DIFFERENTS MODES DE PREVENTION
Il
existe en gros trois grands modes de prevention complementaires:
les actions locales, la prevention ciblée sur des cathégories
professionnelles, et la prévention grand public. Dans tous
les cas, la meilleure prévention se situe avant qu'un individu
ne tombe dans la drogue.
Elle tend à réduire les causes sociales et relationnelles
des toxicomanies.
ACTIONS
LOCALES
Les
causes sociales de la toxicomanie ont souvent des origines multiples.
En parallèle à toutes les mesures politiques destinées
à réduire le chômage, la misère et
l'exclusion, des actions de prévention sont possibles dans
la cité. Encore faut-il qu'elles soient durables, qu'elles
impliquent les jeunes dans de vrais projets qui vont les responsabiliser,
des projets qui vont les faire agir, ne plus être passifs,
devenir maîtres d'une partie de leur vie.
Il faut aider les adultes à créer une sorte de réseau
de solidarité, pour faire connaissance, pour communiquer,
pour qu'ils trouvent des réponses entre eux. Pour qu'ils
jettent des passerelles avec les jeunes et inventent des solutions
concrètes. La solidarité est une notion beaucoup
plus ancrée dans les esprits qu'on ne le croit. Mais dans
une époque où le cynisme est valorisé, beaucoup
de gens n'osent pas la manifester.
L'association Grande Ecoute a le projet d'organiser une fête
de la Maison une fois par an, où les gens descendraient
dans la rue, dans leur cour pour manger ensemble, parler, se rencontrer,
peut-être pour la première fois. Cette prévention
de quartier, de commune, demande un énorme investissement
de la part des éducateurs et des animateurs... Elle est
souvent ponctuelle mais elle est essentielle.
PREVENTION
CIBLEE SUR DES CATEGORIES PROFESSIONNELLES
Il
convient de sensibiliser toutes les catégories professionnelles
qui peuvent agir en matière de toxicomanie: médecins,
magistrats, policiers, gardiens d'immeubles, enseignants, douaniers,
pharmaciens, patrons de bars et de discothèques, travailleurs
sociaux, ‚éducateurs, journalistes et élus locaux.
Selon les professions, ce mode de prévention est plus ou
moins bien assuré. Par exemple, il est quasiment inexistant
à l'égard des journalistes et des élus locaux.
Il faudrait l'organiser et le structurer tant dans sa forme que
dans le fond. A titre d'exemple, la formation des médecins
serait à revoir. Déjà mal préparés
à la relation médecin-malade durant leurs études,
il faut leur apprendre que la toxicomanie est plus une maladie
" sociétale ", qui se prévient etse traite
par le dialogue, l'écoute et la confiance, qu'une maladie
organique. Sinon, ils risquent de déraper dans des erreurs
stratégiques avec un emploi inconsidéré des
produits de substitution. Ils risquent surtout de ne pas prendre
en compte les signaux d'alarme que jette un jeune bien avant de
se droguer.
PREVENTION
GRAND PUBLIC
Comment
toucher les millions de personnes que les actions locales et la
prévention ciblée ne parviennent pas à atteindre
? Il faut aIler vers eux. Où sont-ils ? Devant leur
poste de télévision, prés de leur radio,
parfois ils lisent le journaI. Ce sont donc les médias
qu'il faut impliquer dans des actions de prévention.Tâche
difficile, car les journaIistes ne considèrent pas tous
que leur rôle peut être, éventuellement, d'aider
la population à vivre mieux. Tâche difficile également,
car il faut inventer des rubriques, des émissions qui ne
parIent pas de drogue mais des moyens d'agir en amont sur ce qui
peut conduire à la toxicomanie. Tâche difficile,
car il faut savoir alors joindre l'utile à l'agréable
sous peine de perdre de l'audience.